Éco-anxiété, éco-sensibilité et solastalgie

Face à la crise environnementale en cours, l’éco-sensibilité, l’éco-anxiété et la solastalgie semblent concerner de plus en plus de personnes.

Ce ne sont pas des maladies mentales. Cependant, une aide psychologique est recommandée si ces difficultés impactent votre vie quotidienne sur la durée.

Eco-anxiété

L’éco-anxiété est une notion qui date des années 1990. Ce terme a été répandu dans le monde francophone par Véronique Lapaige. Il n’en existe pas aujourd’hui une définition unique.

Elle correspond aux pensées et émotions désagréables, voire douloureuses, face aux bouleversements écologiques et climatiques actuels et à venir, et à leurs conséquences sur nos sociétés. Elle est alimentée par la mise en regard de la crise écologique et de la constatation de l’inaction globale de nos sociétés.

Les émotions ressenties sont variables suivant les personnes et peuvent varier suivant le moment. Il s’agit souvent d’émotions telles que la peur, la colère, la tristesse, la culpabilité, la résignation, très souvent un sentiment d’impuissance.

Les pensées face à cet environnement changeant et incertain portent souvent sur nos conditions de vie dans le futur ou celles de nos enfants/petits enfants, sur des craintes d'effondrement économique, de crise sociale, de risques politiques ou géopolitiques. L’éco-anxiété s'accompagne ainsi fréquemment de questions existentielles avec souvent une remise en question des projets de vie (changer de métier ? déménager ? faire des enfants ? quelles études choisir ? etc.)

L’éco-anxiété peut ainsi avoir des répercussions sur notre quotidien. Elle peut impacter notre implication dans les études ou notre travail. Nos relations (conjugales, familiales, amicales) sont souvent malmenées lorsque notre prise de conscience et notre vision du monde à venir se heurtent à celle différente (voire au déni) de nos interlocuteurs. L’incompréhension voire le refus de dialoguer s’installent et peuvent générer un isolement social et augmenter l’éco-anxiété chez la personne éco-sensible.

L’éco-anxiété est d’une détresse prospective : on est dans le présent et on anticipe ce qui pourrait advenir de difficile dans l’avenir compte tenu des dégradations environnementales. Souvent, l’écoanxiété n’est pas rattachée à un territoire donné mais peut s’enraciner dans une perception large des dégradations de la planète.

Eco-sensibilité

L’éco-sensibilité est un terme qui comment à être de plus en plus utilisé.

On peut le définir comme le fait d’avoir une sensibilité particulièrement marquée par rapport à la Nature et au vivant. Elle est associée à des sentiments agréables comme l’amour pour le vivant, l’émerveillement, l’envie de prendre soin. Des émotions plus désagréables peuvent apparaître, par exemple devant une Nature abîmée ou mise en danger.

Certains utilisent aussi ce terme pour évoquer une éco-anxiété de faible intensité.

Solastalgie

Ce terme a été inventé par Glenn Albrecht en 2003. Il indique le sentiment de désolation causé par la dévastation de son habitat et de son territoire.

Les émotions principales sont proches de la tristesse et de la mélancolie.

Il s’agit d’une détresse rétrospective : on est dans le présent et on compare ce qui est aujourd’hui avec ce qui était avant. La solastalgie est ancrée dans un territoire auquel on est attaché et dont on constate la dégradation.

Comment apprivoiser son éco-anxiété ?

Comme le souligne la revue The Lancet (en Anglais), “Bien que douloureuse et pénible, l’anxiété climatique est rationnelle et n’implique pas de maladie mentale”. Cette anxiété est rationnelle et adaptative : c’est une réaction normale face à la situation écologique planétaire. Plutôt que d’éco-anxiété, il serait plus logique de parler d’éco-lucidité.

Même si elle n’est pas pathologique en elle-même, l’éco-anxiété peut réveiller des fragilités (sachant que nous en avons tous) et conduire à de réelles difficultés psychologiques. Si vous n’êtes plus capable de fonctionner au quotidien et que cela dure, il est sage de vous faire accompagner.

Il est en effet possible de développer des compétences psychologiques permettant d’apprivoiser et transformer son éco-anxiété :

  • Apprendre à accueillir ses pensées et émotions, même désagréables, plutôt que de les éviter, de chercher à les supprimer,
  • Se concentrer sur le moment présent car c’est dans le moment présent que nous pouvons apprécier ce que nous vivons et c’est dans le moment présent que l’on peut agir. Faire des projets dans un futur proche en évitant de se projeter dans un futur lointain, incertain et effrayant,
  • Se connecter ou se reconnecter à ses véritables valeurs qui ont souvent été masquées ou réprimées par les normes de la société dans laquelle nous nous sommes insérés,
  • S’engager dans des actions individuelles et collectives en lien avec nos valeurs,
  • Ne pas oublier de se ressourcer en faisant des activités qui nous font du bien. Même dans l’action, il est important de ne pas s’oublier pour durer,
  • Se relier au vivant en passant du temps en Nature. Cette reconnexion à nos racines premières est apaisante et souvent très aidante. Ce lien peut aussi être renforcé en apprenant à connaître la diversité du vivant dont nous faisons partie. Car la connaissance conduit à vouloir prendre soin. Ainsi, la Nature nous fait du bien et nous pouvons lui faire du bien en retour,
  • Se relier aux autres afin de trouver du soutien social en pouvant partager avec des personnes ayant une sensibilité et une vision d’un monde désirable proches des nôtres. Intégrer des réseaux d’entraide ou des réseaux de transition locaux peut aussi aider à se mettre en mouvement et à se projeter.

Face à l’éco-anxiété, notamment si elle est douloureuse et qu’elle vous empêche de bien fonctionner au quotidien, un accompagnement par un.e psychologue peut vous aider.

Cet accompagnement, sur des formats plus courts, peut aussi être sollicité pour vous aider à renforcer les compétences psychologiques ci-dessus et vous aider à améliorer votre résilience.